Joué-Lès-Tours : ZAC des Courelières, Phase 1. Rapport de diagnostic archéologique réalisé du 30 janvier au 22 mars 2017 (OA 0610460)
- Type de publi. : Rapport
- Date de publi. : 01/01/2017
-
Auteurs :
Vincent HirnMatthieu GaultierBoucher ThomasChristophe LebrunLaureline CinçonFrancesca Di NapoliPapin PierreJean-Baptiste RigotMurielle Troubady
-
Organismes :
Service de l'archéologie du département d'Indre-et-Loire
Cités, Territoires, Environnement et Sociétés [Tours]
Résumé : Le projet d’aménagement concerté (ZAC) du quartier sud dit « des Courelières » phase 1, à Joué-les-Tours portait sur une surface de 190 041 m². Nous estimons qu’environ 89 000 m² de la surface diagnostiquée est concernée, plus ou moins intensément, par des vestiges archéologiques. La partie orientale du diagnostic a livré l’occupation la plus ancienne. Elle est datée de la Tène D1 b, entre 110 et 80 avant notre ère. Elle est caractérisée par un enclos fossoyé associé à des fossés parcellaires. L’emplacement des bâtiments n’a pas été défini avec précision bien que des concentrations de faits archéologiques et les quantités de mobilier les situeraient plutôt dans le tiers nord de l’enclos. Ce dernier est associé à un ensemble de fossés parcellaires dont certains ont livré une quantité importante de mobilier. Cet habitat gaulois et son environnement périphérique immédiat occupe une surface d’environ 34 000 m² dont une proportion importante est constituée d’un espace intermédiaire, vide de traces archéologiques perceptibles lors du diagnostic. Cet habitat est abandonné à la fin de la Tène vers 50 avant notre ère et se déplace vers le nord-ouest (Fig. 1). L’occupation de la Tène D2b a été perçue de manière limitée, essentiellement par des fossés structurants. Elle était recouverte par les vestiges des périodes suivantes. Il s’agit d’une occupation datée entre -50 et le tournant de notre ère. Elle est composée de deux pôles. Le premier, caractérisé par la taille de ses fossés, la densité et la richesse du mobilier archéologique se situe au nord. Il s’agit d’un grand enclos au puissant fossé dont les modes d’occupation intérieurs n’ont pu être déterminés car les vestiges gallo-romains et alto-médiévaux viennent s’y superposer. Le deuxième pôle est un habitat situé au sud et composé de deux parcelles séparées entre elles et de leur environnement par des fossés. L’abondance du mobilier situe le coeur de cette occupation au milieu et plutôt vers l’ouest des parcelles, mais la fouille exhaustive de cet espace pourrait révéler une autre image. Les deux espaces sont reliés par un réseau fossoyé branché sur les angles de l’enclos. L’occupation se poursuit durant l’Antiquité. Elle se compose de bâtiments maçonnés dont la disposition est structurée par des murs de clôture et des fossés. Nous avons mis au jour huit bâtiments aux techniques de construction similaires. Tous les bâtiments, les fossés et les murs de clôture semblent organisés selon une trame orthonormée. Les bâtiments sont pour la plupart concentrés au nord et plutôt rapprochés les uns des autres. Une zone vide de bâtiment pourrait correspondre à un espace de circulation nord-sud (fig. 2). Le plan du site antique est différent de celui d’une villa. Il s’agit plutôt d’une agglomération, d’un habitat groupé. L’exemple proche de l’agglomération secondaire de Chanceaux-sur-Choisille présente de très nombreuses ressemblances dans l’organisation spatiale et le plan des bâtiments. L’occupation se prolonge par la suite durant le premier haut Moyen-Age, période à laquelle certains bâtiments d’origine antique continuent d’être occupés. Conjointement, une occupation se forme le long d’une voie associée à des fossés parcellaires. Puis, comme c’est souvent le cas dans les occupations alto-médiévales, 14 sépultures ont été trouvées (5 certaines et 9 probables) à proximité des bâtiments gallo-romains, le long de la voie ou plus éloignées, au sud du diagnostic. En plus de ces vestiges un certain nombre d’objets peu habituels sur les sites ruraux (fibule zoomorphe, plaque-boucle, etc.) ont été découverts dans les structures des 6e-7e siècles. Tous ces éléments font de ces vestiges une occupation d’un niveau social relativement élevé. Les travaux de recherche récents sur la genèse de l’agglomération jocondienne ont montré que le coeur du village médiéval de Joué-les-Tours ne recèle aucune trace d’un habitat gallo-romain ni d’un habitat du premier haut Moyen-Age qui aurait pu être identifié au vicus gaudiacus cité par Grégoire de Tours. Or de multiples indices, en plus des découvertes du diagnostic (notamment les fouilles de la ZAC de la Liodière, immédiatement au sud), pourraient faire de cet habitat antique et alto-médiéval le vicus dans l’église duquel Grégoire de Tours a déposé les reliques de saint Julien. Aux 8e-9e siècles, l’agglomération est définitivement détruite. Il est probable que, à cette époque, le relais ait été pris par le centre paroissial de Joué-lès-Tours fouillé en 2011 par Pierre Papin, dont l’église remonte au début du 8e siècle. Néanmoins, l’occupation continue le long du chemin, sous une forme qui n’a pas pu être caractérisée (trous de poteaux, fosses…) ; à l’est de la route départementale RD86 deux bâtiments sur poteaux plantés ont été observés. Le mobilier découvert dans le comblement du puits F.499 montre que cette occupation restait d’un niveau social élevé. Le mobilier céramique extrêmement abondant présente un horizon peu habituel en milieu rural comparable aux lots du château de Tours.
Source